C'est bien de vieillir. Tous les magazines féminins le disent: on s'épanouit, on s'assume, on ose s'éclaircir les cheveux, s'offrir le petit ensemble La Perla, on renonce à la réduction de poitrine, on passe de Rohmer et Fassbinder à 3 drôles de dames on a le courage de porter des tongs sur l'asphalte parisienne... C'est exaltant !
(Quoique pour les tongs, je suis sceptique !)
Mais ce n'est pas tout : la liberté est telle que faisant fi de tout snobisme, de toute notion de kalos kai agathos, un jour de canicule et de désoeuvrement on achète "Les Petits Chevaux de Tarquinia" de Marguerite Duras.
Quelle audace !
Eh bien, eh bien. Finalement son air (ou celui de ses personnages) de ne pas y toucher, c'est frais, c'est plaisant. C'est un moment arrêté sur une île italienne, c'est la tragédie minuscule du quotidien. Et surtout, surtout c'est tellement féminin !
- Vous prendrez bien une cuillérée de sorbet au citron ?...
- Oui ?
- Ouvrez la bouche, fermez les yeux !
" D'abord tu n'en as peut être pas autant marre que tu crois, même de moi, ensuite, depuis le temps qu'on le dit, si on doit vraiment se séparer, ce n'est pas la peine de se gâcher la vie avec ça.
- Il n'y a pas de doute, tu as le caractère heureux."
M. Duras, Les Petits Chevaux de Tarquinia, Gallimard, Paris, 1953
à 19:52