Si je ne suis pas bien certaine du contenu "idéologique du livre", on y devine l'idée vague que "ces créatures palpitantes ont la chance fabuleuse de ne pas être civilisées", je suis complètement charmée par sa sensualité. Et puis qui se soucie du politiquement correct ? C'est un hymne magnifique à la femme, et pas seulement noire, à la femme en amour - pour plagier le fabuleux et scandaleux livre de Camille Lemonnier.
Un exemple pour me faire comprendre: je ne peux pas le jurer, mais je pense que les femmes ont généralement du mal à comprendre ce que l'homme ressent quand il l'embrasse au plus intime. Dans le meilleur des cas on (je) suppose un désir de faire plaisir, une volonté de puissance sur le plaisir de l'autre, dans le pire on soupçonne un conformisme stéréotypé (ô la désastreuse influence des films pornographique. Rien que pour sa conformisation glauque des pratiques amoureuses, Canal + mérite tous ses malheurs). Mais la c'est autre chose, on touche une réalité (rien que pour toi Carla), si j'osais j'ajouterais (et à ma grande surprise, j'ose) "du bout de la langue": on sent le sang, la sève, la vibration amoureuse, l'hostie* charnelle et salée... Mais tendez la langue et goûtez plutôt: "peut être est cela que les Sirènes ont hululé aux oreilles d'Ulysse ? Tu vas bien nous lécher ouh ! ça va être très bon ! Peut être est ce pour cela que Picasso a représenté le visage du héros grec comme un cercle parfait, blanc de craie, effaré et lunaire, un visage de femme avce cette bouche froncée et ouverte comme une valve, comme si, ramolli, désagrégé par le sang somnifère des femmes-poissons, tout son corps s'invaginait, se métamorphosant en un sexe de femme hypnotique et tombal ?" Stéphane Zagdanski, Noire est la Beaute, Pauvert, Paris, 2001 Enfin, le bijou baudelairien avait déjà bien cerné la question... * la dimension mystique n'est pas non plus le moindre mérite de ce livre